Ce mois de mars est très particulier, avec ces dix derniers jours confinés, premiers jours d’une période qui restera certainement dans les livres d’Histoire et dont on parlera encore et encore. Que changera cet épisode ? Je n’en sais encore rien mais je pense qu’il aura de fortes répercussions. J’espère qu’il nous fera prendre conscience de la fragilité de l’existence, de la vitesse du temps qui passe et de la nécessaire nécessité de profiter de l’instant présent. Puisse t’il aussi nous faire réfléchir sur nos actions, nos envies, notre façon d’aborder l’avenir.
Le confinement va durer très certainement une bonne partie du mois d’avril ; aussi, peut-être aurez-vous envie de piocher dans la liste qui suit, composée des livres que j’ai lu ce mois.
Les dieux du tango de Carolina de Robertis
Magistral ! J’ai absolument adoré ce roman, qui m’a captivée de la première à la dernière page.
J’ai suivi chaque pas de Leda, jeune fille, quittant son Italie natale pour rejoindre son mari à Buenos Aires, au début des années 1910. L’Argentine, comme point de départ d’une nouvelle vie, comme assouvissement d’une soif de nouveautés et d’aventures, comme point final d’un passé aux évènements tragiques… A peine débarquée, Leda apprend que son mari a été tué. Elle va devoir survivre seule dans cette ville inconnue, dans une époque où la place de la femme n’est pas encore affirmée. Ensorcelée par la musique et tenue par l’espoir de s’en sortir, elle se travestira donc en Dante, jeune homme discret mais virtuose, pour accéder à son rêve de devenir violoniste, dans un groupe de tango.
C’est un portrait de femme indépendante, atypique que Carolina de Robertis nous dévoile; c’est une histoire qui saura en inspirer tant d’autres. Ce récit est très poignant car il met en avant tous les sacrifices qu’une personne est prête à faire pour atteindre son rêve. C’est aussi un vibrant hommage à celles qui nous ont ouvert la voie, pour plus d’indépendance et de droits.
Allez tous vous faire foutre de Aidan Truhen
Le titre et la couverture de ce roman sont aussi barrés et irrévérencieux que son histoire et ses personnages. J’ai aimé le côté complètement hors de contrôle du personnage principal, cette folie révélée par un malheureux évènement, qui fait tout basculer. Chacun a une part de sombre en lui, certainement pas du niveau de celle du héros je l’accorde mais elle est présente chez tout le monde !
Jack Price est un trafiquant de cocaïne, un boss en col blanc, « propre sur lui », à la tête d’une organisation parallèle bien ficelée. Le jour où sa voisine est assassinée, il se trouve mêlé à une histoire rocambolesque, où sa propre vie est mise à prix. Et, c’est à partir de ce moment là que tout part en vrille… Il ne fallait pas provoquer Jack Price !
Ce roman est bourré d’humour noir, de folie pure. J’ai passé un très bon moment à le lire, en me disant à chaque page « mais jusqu’où va aller Jack ?! ».
Éloge du métèque d’Abnousse Shalmani
J’ai eu envie de découvrir ce livre, qui n’est pas un roman, après avoir vu et entendu Abnousse Shalmani dans l’émission Quotidien. Elle avait une énergie, une façon de parler du statut des étrangers, des métèques, des déracinés, qui m’a donné envie d’en savoir plus.
J’ai appris beaucoup de choses, à la lecture de ce traité; il y a beaucoup de références littéraires notamment, qui m’ont donné envie de lire d’autres choses, d’explorer d’autres points de vues. La question de la place d’un étranger dans un pays qui n’est pas le sien est complexe et parfois difficile à cerner pour celui qui, lui, est dans son propre pays. Je pense sincèrement que l’écoute et la compréhension des ressentis sont une des voies de l’acceptation. J’ai aimé sortir des mes habitudes en lisant ce livre, j’ai regretté peut-être un peu que l’auteur ne nous en dise pas encore plus sur elle; mais finalement, c’est en se livrant de façon pudique et indirecte que le lecteur la comprendra, certainement.
Vous plaisantez Monsieur Tanner de Jean-Paul Dubois
Monsieur Tanner hérite de la maison de son oncle et le voilà engagé dans une année de travaux de rénovation. D’anecdotes rocambolesques où chacun ayant eu à faire faire des travaux se reconnaîtra, aux personnages d’artisans peu scrupuleux, adorables, complètement fous, dilettantes jouant avec les nerfs du protagoniste, ce petit livre est rafraîchissant et plein d’humour grinçant.
L’Italienne qui ne voulait pas fêter Noël de Jérémie Lefebvre
C’est l’histoire de Francesca, sicilienne expatriée à Paris, qui au cours d’une discussion avec des amis, affirme ne pas connaître le sentiment d’appartenance à un pays, son pays, l’Italie, ni à sa famille. Pour la mettre au défi et la croyant peu, avec en tête tous les clichés que l’on peut avoir sur une famille italienne, ses amis lui propose de rentrer chez elle pour les fêtes de Noël et de ne pas fêter Noël en famille…
J’ai bien aimé ce roman, qui traite d’une façon plus légère la thématique de l’expatriation et de l’éloignement. Avec ce qu’il faut d’humour, le lecteur est plongé au coeur d’une famille sicilienne actuelle, avec ses disputes, ses moments de bonheur, ses contradictions… Chacun y trouvera sa propre interprétation ainsi que sa réponse à la question : est-ce que j’appartiens à un groupe (de quelque forme qu’il soit), à un clan, à une famille, à un pays ?
Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins de Alejandro Palomas
Il arrive parfois qu’un livre fasse pleurer… J’ai terminé la lecture de cette histoire avec les yeux humides et sans-voix.
J’ai tout simplement adoré ce petit garçon qui voulait être Mary Poppins : Guillermo, neuf ans, garçon original, hyper-sensible, qui préfère se déguiser plutôt que de jouer au foot, exclu parfois, incompris souvent. L’amour pour Mary Poppins de ce petit garçon est le dernier lien restant avec sa maman, absente…
J’ai envie de raconter toute l’histoire mais je ne veux pas en écrire plus pour vous laisser le plaisir de découvrir ce roman et ne pas gâcher les émotions ressenties quand vous le lirez. J’ajouterai donc juste : il faut ABSOLUMENT lire ce livre !!! C’est un récit plein de tendresse, d’humanité, d’acceptation des autres et de soi-même et c’est un pas de plus vers la reconnaissance des différences qui nous constituent et qui au lieu, de nous éloigner, doivent renforcer nos liens.
Bonne lecture ! Les livres sont aussi un formidable moyen de s’évader…